Farce musicale
METTEUR
EN SCENE entre du couloir de gauche, tête baissée, habillé
dune robe de chambre, traînant les pieds dans de vieilles savates.
Il porte un moniteur vidéo dans la main.
METTEUR EN SCENE dispose le moniteur à ses pieds et sinstalle
dans le fauteuil.
Sur lécran du moniteur: image de DIVA apparaissant dans le couloir.
Du même couloir apparaît DIVA. Elle traîne une table de
maquillage derrière elle: elle pousse et tire, essaie toutes les possibilités,
car la table est large et le couloir, étroit.
Tout en sessoufflant, elle pleure, elle rit, elle souffre, elle sangoisse
et se met en colère : comme une chanteuse vocalise avec la voix, elle,
vocalise avec ses sentiments.
Sur lécran vidéo: entrée de PHILO.
Apparaît dans le couloir opposé, PHILO, il porte une haute pile
de livres. Comme ce couloir est étroit et que sa pile est vraiment
haute, il a également beaucoup de difficultés à arriver
jusquà la scène: un livre tombe à terre, il le
ramasse, en laisse tomber un autre, le ramasse, etc...
Laisse tomber un autre, le ramasse, etc...
DIVA arrive dans lespace en pleurant, elle recule vers le public en
tirant sa table. Elle se retourne et aperçoit le public: ses pleures
sarrêtent nets - elle sourit et dit en non-jeu :
DIVA: Bonsoir!!
Puis
son sourire disparaît brusquement, elle se met en colère et se
remet à traîner sa table.
PHILO arrive sur scène.
DIVA laperçoit, oublie ses sentiments, se précipite sur
une chaise, la repousse car elle na que trois pieds (et trois pieds
sont trop peu pour elle), se jette sur lautre chaise, linstalle
contre la paroi côté cour et y amène rapidement sa table
de maquillage: elle a pris son territoire.
Pendant ce temps PHILO a déposé sa pile de livres avec les livres
qui se trouvaient déjà sur scène. Il ressort par le même
couloir.
DIVA ouvre un tiroir, en sort des petits pots, des flacons et les dispose
sur la table de maquillage.
PHILO entre dans le couloir avec une nouvelle pile de livres et a autant de
difficultés pour arriver jusquà lespace.
Entre MAESTRO du couloir côté jardin. Il est plein dassurance,
marche la tête haute, même lorsquil doit la baisser.
Il tient à la main une grande boîte en forme de cercueil auquel
il porte une attention particulière. MAESTRO savance vers le
milieu de lespace, cherche son territoire.
DIVA et PHILO: Pas de boite
MAESTRO
cherche toujours la meilleure place.
MAESTRO: Cest MA boite!
Avec des gestes secs et précis il sort son violoncelle de la boîte.
PHILO: Tu nas pas besoin de ta boîte.
MAESTRO: Si! Cest MA boite et MA boite reste à côté
de moi!
PHILO: Mais il ny a déjà pas beaucoup de place ici.
MAESTRO: Cest MA boite. MA boîte! Je veux MA boite!
DIVA
et PHILO se retourne, agacés.
* MAESTRO commence son installation minutieuse. Chaque geste a été
fait des milliers de fois. Il frotte son archer, coince son violoncelle entre
les jambes, laccorde.
* DIVA tourne la manivelle de la table de maquillage, les objets commencent
à glisser. DIVA se maquille et se remet à vocaliser
ses émotions tout en empêchant les objets de tomber, les dispose
de nouveau à leurs places.
* PHILO classe ses livres par ordres de grosseur. Il les dispose autour de
lui avec soin. De temps en temps on entend:
PHILO: Ah... La vie... La mort... Ahh...
Tous
les gestes sentremêlent, le maquillage, les jeux de sentiments,
le ramassage des objets, le classement. Chacun son rythme, sa dynamique. Ensembles,
chorégraphie de gestes.
Sur le moniteur vidéo: montage des gestes des trois personnages.
METTEUR EN SCENE: Je suis fou...
DIVA
après sêtre maquillée, tourne la manivelle et rabaisse
le plateau de la table. Elle se lève et vocalise maintenant aussi avec
la voix. Elle bouge dans lespace se prépare à entrer en
scène.
MAESTRO: Nonon...! Pas de vent! MES sons! Cest mauvais pour MES sons!
DIVA ne peut sempêcher de bouger.
MAESTRO: Nonon... ! Arrête! MES sons, MA musique!
DIVA
passe à côté de lui, elle sest mise à langoisse.
MAESTRO: MA musique!!
Il donne un coup à DIVA avec son archet.
DIVA arrête son jeu dangoisse et se met véritablement en
colère.
MAESTRO: MON archet!
DIVA
se venge et marche sur la boîte de MAESTRO.
MAESTRO: MA boîte!
Sur
le moniteur vidéo: ralenti de DIVA jetant sa robe sur les épaules
et baissant la tête.
MAESTRO se lève dun bond, se cogne la tête au plafond,
lâche son violoncelle qui tombe à terre.
MAESTRO: MON violoncelle!
Il
se précipite pour le ramasser - le caresse, le cajole - et regarde
furieux, en direction de DIVA.
La trappe au-dessus de PHILO souvre. Du trou vient une forte lumière.
PHILO regarde la trappe, se lève et disparaît avec le haut du
corps dans le trou.
PHILO (off):
Haaa... La vie? Oui? ... La mort?
Pendant ce temps DIVA sest détournée de MAESTRO, méprisante.
Elle prend sa robe sur la chaise, la jette sur son épaule, comme si
la robe avait un poids énorme, elle courbe le dos et sort en prenant
le chemin de la fissure et disparaît dans le couloir.
DIVA
(murmure):
Jaimerai vivre vivre vivre vraiment vivre et puis mourir mourir mourir
très vite - vraiment mourir
Après
la disparition de DIVA dans le couloir, on voit sur le moniteur vidéo,
son visage en gros plan qui répète le même texte.
MAESTRO se met à jouer un morceau violent pour se calmer les nerfs.
PHILO réapparaît avec une pile de livres dans les bras.
Il se tourne vers MAESTRO, lui explique le contenu des livres.
PHILO: La vie... ... La mort...
MAESTRO
ne fait pas attention à lui.
PHILO sassied et dispose les livres autour de lui.
La porte de larmoire souvre lentement - entrée dAPPRENTI.
Il passe timidement la tête, comme sil avait peur quon lui
interdise le lieu. Comme personne ne fait attention à lui, il sort
de larmoire se retourne et sort un tuba et une chaise de larmoire.
Comme il nose pas se faire remarquer, il reste assis à côté
de la porte et sapprête à souffler dans son tuba.
MAESTRO laperçoit, arrête de jouer et regarde avec mépris
le tuba dans les mains dAPPRENTI.
APPRENTI nose plus souffler, reste immobile, esquisse un sourire et
explique timidement en geste que cest un instrument et quil faut
souffler dedans pour obtenir un son. Il joue une note et attend la réaction
de MAESTRO.
MAESTRO met la tête dans les mains puis lui fait signe de la tête
quil ne veut pas de cet instrument sur scène.
APPRENTI, déçu, range son tuba dans larmoire et en sort
avec un vieux violon et un archet rafistolé avec de la bande velpo.
MAESTRO lève les yeux au plafond et hausse les épaules. Il se
remet à répéter son morceau.
APPRENTI sinstalle sur sa chaise et commence à jouer fausses
notes sur fausses notes.
Une tête sort précipitamment de larmoire, cest LE
DORMEUR, irrité par les fausses notes que joue APPRENTI. Il cherche
de la tête qui lempêche ainsi de dormir.
LE DORMEUR: Hé! Ça va pas?
Son doigt sort de larmoire et il se frappe la tempe énergiquement,
tout en continuant à bougonner en direction dAPPRENTI.
APPRENTI arrête de jouer et dépose son instrument sur les genoux.
Satisfait, LE DORMEUR disparaît dans larmoire.
APPRENTI: Et pourtant je pourrais être génial.
Au
loin dans le couloir de gauche retentissent des applaudissements. DIVA apparaît.
Elle rayonne de joie, comme si chaque applaudissement était une source
dénergie suffisante pour la faire revivre. Elle entre dans lespace
et sinstalle à sa table.
MAESTRO joue du violoncelle, DIVA actionne la manivelle et commence à
se démaquiller en empêchant les flacons de tomber.
DIVA: Me voilà assise dans cette salle si vous nétiez
pas là je serais seule, je ne peux pas vraiment dire que je suis heureuse
que vous soyez là car dans le fond je préfère être
seule parce que quand je suis seule je veux dire vraiment seule, je sais que
je suis seule tandis que parmi vous je suis véritablement seule alors
que je ne devrais pas vous êtes là vous me regarder et jaime
quand vous me regardez ce qui est terrible cest que jai besoin
de vos regards et il ny a quici que vous me regardez cest
vous qui mobliger à être ici...
Je voudrais continuellement vivre à vos côtés comme un
animal en cage... Ne me laissez pas seule... Jaimerais que quelquun
vienne avec moi sur scène mais sil y a quelquun dautre,
je ne serais pas contente car je tiens à rester la seule personne que
lon regarde et sil y a quelquun dautre sur scène
vous le regarderiez aussi et çà je ne pourrais le supporter.
MAESTRO
joue, de temps en temps il se tourne vers DIVA ou PHILO, et, suivant quils
réagissent ou non, il se détourne vers APPRENTI, dont il est
sûr dobtenir toute ladmiration exigée.
MAESTRO: Ha ... Cest ça cest ça! Écoute!
Oui oui cest ça!
On écoute quand je joue!
Cest pas beau ça!
Vous ne maimez pas plus en écoutant ça?
Vous maimez nest ce pas?
Cest beau cest beau!
(à
DIVA) Et
toi tu pleures, tu pleures
DIVA: Non, je nai pas envie de pleurer,
je suis dans mes rires
MAESTRO lui donne une gifle.
MAESTRO: Tu vois, tu pleures!
Oh! Cest beau cest beau!
De toute beauté!
Vous maimez là ! vous maimez...ez...
Quest-ce que tu dois maimer!
LE DORMEUR: Je ne parviens pas à dormir...
MAESTRO: La ferme! !
(Il
se reprend)
On écoute!
LE DORMEUR: Oui mais ...
MAESTRO frotte violemment avec larcher sur les cordes de son violoncelle:
on entend une note moins belle peut-être mais plus persuasive. LE DORMEUR
rentre dans son armoire.
MAESTRO: La il y a de la joie!
Cest joyeux ... Ha! Quelle joie...
PHILO: Oui oui cest beau.
PHILO
disparaît derrière ses livres.
MAESTRO arrête de jouer, triste, il reste un instant avec le violoncelle
entre les jambes. Tout à coup, comme sil avait décidé
de ne plus jamais jouer, il tend la main vers sa boîte, dépose
délicatement son violoncelle à terre. Il va essayer pendant
tout un temps de se coucher dans sa boîte et de refermer le couvercle
sur lui. La boîte est petite, lui, grand...
Toujours une partie de son corps reste visible.
MAESTRO: A quoi bon ... A quoi bon... A quoi bon ... etc...
APPRENTI: Si on me laissait le temps, je pourrais être génial.
Oui oui... génial. Ahh! Si je pouvais être génial.
Jen rêve, jen rêve la nuit, le jour. Si je pouvais
devenir quelquun...
Etre génial si je pouvais...
APPRENTI
soupire profondément. Il rentre dans larmoire avec son violon.
On entend quil joue quelques notes sur son tuba, puis il réapparaît
avec un violoncelle. (en aussi mauvais état que pouvait lêtre
son violon)
Il se met à essayer den jouer.
On frappe dans larmoire. Un instant APPRENTI sarrête de
jouer.
DIVA se lève brusquement et savance vers MAESTRO, toujours en
train dessayer par tous les moyens de se mettre dans sa boîte
et de refermer le couvercle sur lui.
APPRENTI recommence à jouer, le plus doucement possible. Il fixe le
moindre mouvement ou bruit à lintérieur de larmoire.
La porte de larmoire souvre. APPRENTI arrête de jouer. Le
visage de DORMEUR apparaît. Il soupçonne APPRENTI dêtre
en train de jouer mais comme il ne peut rien prouver, il retourne dans son
armoire. APPRENTI se remet à jouer.
DIVA: Jai envie de pleurer. Tu veux, tu veux bien me jouer quelque chose.
Tout excité MAESTRO se lève ramasse son violoncelle et linstalle
entre les jambes. Il fait signe à APPRENTI darrêter de
jouer.
APPRENTI ne fait attention quà larmoire et nentend
pas lordre de MAESTRO. MAESTRO lui lance un cahier de partition à
la tête. Il lui fait signe de ramener la partition et lui reproche davoir
endommagé sa partition.
DIVA: Tu me fais pleurer quand tu joues toi! Tu veux? Une petite chose pour
me faire pleurer. Parce que jai envie de rire. Joue-moi quelque chose,
jai envie de pleurer.
MAESTRO
lui joue une petite sonate bien triste, triste à en mourir.
Elle lécoute et se met à pleurer.
DIVA: Je pleure... Je pleure! Arrête! Tu me déchires! Arrête
... Il ne faut pas que je pleure... Rien à faire, je suis trop désespérée...Je
ne peux marrêter de pleurer!
Je dois rire, je dois rire, je dois rire...
MAESTRO
ne fait plus attention et continue à jouer la sonate, de plus en plus
en transe.
DIVA sapproche de PHILO en pleurant, mais PHILO ne fait pas attention
à elle.
PHILO: ... La vie ... La mort ...
DIVA se détourne vers APPRENTI et cherche à se faire consoler.
APPRENTI fait de son mieux pour la consoler, il lui joue même un air
très gai. Mais il y a tellement de fausses notes quil ny
réussit pas.
DIVA (agacée):
Oh!
Et
elle pleure dautant plus fort pour lui reprocher son incapacité
à la rendre heureuse puis elle sen va en sefforçant
de rire.
DIVA: Hahahahaha! Non je ny arrive pas! Je pleure toujours.Hahahahahahahaha...
Oh! Presque!Hahahahahahahahaha ... Ça y est, ça vient!
(fou-rire)
Hahahahahahaha ...
(étranglement)
Hahaha...
PHILO: Ah! Aaaahhh! Non? Non-non...! ? (Le
bruit de pages tournées avec rapidité)
Ah! Oui! Cest ça! Cest ça cest ça...
Ooohh! Mais ...
Ce nest pas ça.
Non, pas ça.
La vie ...
La vie est ... Non pas ça.
Hihihihihi...(Il
glousse de rire)
Oh! Hihihi... (redevenant
sérieux) Bon!
PHILO apparaît de derrière les livres. Comme il se lève,
il se cogne la tête contre le plafond.
PHILO :Ai... Ahh! Selon moi ... ?(il
regarde ses livres tout autour de lui)
Il nest pas possible que la mort...
Non! La vie ... Non la mo... Que la vie et la mort, oui, la vie et
la mort... Non! Il me faut plus de livres sur la vie.
Non! Sur la mort.
Oui! Sur la vie.
Et la mort.
Lamour! Lamour? La mort! ... La vie-La mort !
(Il disparaît en vitesse derrière ses livres)
(Gloussements
retenu)
Hihihihi!(il pouffe de rire) Lamour!
Pfff ! Hihihihi... Oohhh! HiHi !
Bon!... des livres!
La
trappe souvre dans le plafond. PHILO regarde, puis disparaît avec
le haut du corps dans la trappe. Et comme aspirer par une force invisible
il disparaît presque totalement: il ne reste que les pieds ballants
de visible.
PHILO : (off)
La
vie ... La mort? Aaahhh-bon ... Heee-oui !Nononon ... ? Hee-oui ! Ohhh!
Bienienien ... Non! Oui-oui ...
Il tombe de la trappe, suivi dun tas de livres qui lui tombe dessus.
Puis disparaît derrière ses livres.
PHILO :Ahh! La vie ... La mort! (un
livre retardataire tombe de la trappe sur sa tête)
Ai ... Ahh! Cest la vie.(la trappe se referme violemment) Ooohh
... Très intéressant ... La vie.
Hum-hum ... Très intéres... La mort.
Hum-hum ... Trèèès ... Très! Très
très très très très très inin ... très
!Hum-hum-oui.
Pendant le texte de PHILO, DIVA a jeté sa lourde robe sur les épaules
et est sortie par le couloir de gauche.
DIVA : Jaimerais vivre vivre vivre vraiment vivre et puis mourir mourir
très vite. Vraiment mourir. Je ne peux plus je ne peux plus je
ne peux plus je ne peux plus attendre attendre attendre attendre attend-attendre...
Encore attendre Toujours attendre Je ne peux plus
Suivent quelques textes qui devraient trouver leurs places dans le développement
du spectacle.
De toute façon je ne pense pas que le spectacle serait très
long, approximativement 45 minute.
DIVA :Vous êtes ignobles! Ignobles!Ressuscités dentre les
plus ignobles des ignobles vermines! Caractères fastidieux, multitude
de crapeaud jaquassant et dhypopothames en chaleur ! Bon là ça
va, je me suis défoulé.
Ça va mieux maintenant.
***
DIVA
sinstalle auprès de chaque personnage en jouant la souffrance
DIVA :Jai peur!
Elle
arrive auprès de METTEUR EN SCENE.
METTEUR EN SCENE :Oh! Non!
DIVA :Mais jai peur!
METTEUR EN SCENE :Moi aussi!
DIVA
arrête son jeu et retourne se maquiller.
***
DIVA :Je me demande ...
Mais je ne sais pas si ...
A moins que ...
Non je me demande pourquoi ...
Comment se fait-il que ...
Je me demande si vous pourriez ...
Elle
regarde le public.
DIVA :Je me demande si vous pourriez ...
Jaimerais pourtant savoir ...
Mais jamais vous ne ...
Voyez-vous ...
Evidemment vous ...
Mais jamais vous ne ...
Si je pouvais être sûre que ...
Rien ne dit que ...
Mais jamais vous ne ...
Comprenez-moi ...
Elle se met à pleurer.
(toute
cette partie est dite plus précipitée)
DIVA :Non ne partez pas
Ce nest pas parce que je puis le dire
Que je nai rien à dire
Il marrive de terminer une phrase
Mais vous ne men laissez jamais le temps. Votre silence mempêche
dimaginer. Et je ne peux vous raconter que ce que jimagine. Je
ne suis jamais sûre ...
Vous voyez bien. Lorsque vous ne men laissez pas le temps. Jarrive
à terminer une pensée.
***
METTEUR EN SCENE :Ils te regardent ...`
Ils te regardent ...
DIVA :Jaimerais me déshabiller
et me coucher sous la table
Là où personne ne peut me voir
Et me reposer longtemps, longtemps
METTEUR EN SCENE :Laisse-le te regarder
Laisse-le
Surtout ne le dérange pas
Ne le réveille pas
Car derrière son regard paisible ...
DIVA
se lève et sinstalle face au public.
DIVA :Arrêter de me regarder (ordre)
.........
Je vous en supplie ...
Arrêter de me regarder (plainte).........
Arrêter! (colère)
.........
Non arrêter, cest pas gentil
Je vous en prie: arrêter (aguicheuse)
Son
visage redevient neutre, elle se lève et retourne à sa table
de démaquillage.
***
PHILO :La vie ... est un fou-rire ... Mais il nen resterait que les
larmes dans les yeux, comme après un baîllement, un immense baîllement
... Oui la vie ... Ou?
***
PHILO :Niannianianianian ... Nonon ... !
Il tourne une page dun gros livre.
PHILO :Sil en est ainsi... oui oui!
Le temps sécoule ...
Nianianianian... oui oui!
Jaime le temps qui sécoule ...
Le temps est une valeur sûre ...
Oui oui...Vous comprenez! Vous tous, tas dignorant.
Non bien sûr vous nen avez même pas la plus petite notion...Nest-ce
pas tas de viandes flasques!
Sans cervelle ...Ou si vous en avez elle vous serre autant quune hirondelle
à un éléphant en chaleur !Hihihi ... !
PHILO :HE ! Du sérieux, du sérieux mon cher!
Le temps est une valeur sûre! Et jentends déjà vos
voix qui sélèvent sous la forme dune grosse question
que seul un tas de boue ignard pourrait se poser: POURQUOI ? ! Cest
là-dedans mes petits. Cest simple... cest là-dedans!
Il montre un gros livre quil tient à la main.
PHILO :Et toi quest-ce que tu perds ton temps sur cet instrument?
Tu peux me répondre? Non bien évidemment.Tu ne tes même
pas posé la question!Tu peux me dire pourquoi? Tu peux me le dire?
TOUT LE MONDE :Laisse-nous! Bon dieu!
(sauf
APPRENTI)
Tu nous les casses!
PHILO :Oui oui immonde boue sans cervelle!
Bon Dieu ... Vous en avez bien besoin!
Je vous les casse oui oui.
Mais lorsquil sera trop tard ...
Il sera trop tard!Et se sera mon tour de vous renvoyer doù vous
venez ... Bande de simulacre de vie!Simulacre de vie ... Très bon ça!
***
PHILO :Vous vivez comme des... morts!
Vous êtes déjà morts! Mort ahhh! Vous êtes morts
et vous vous étonnez de ne pas vous sentir vivre ...Mort! Ahhh! Mort!
Hee!
La vie la mort ...
Hihihihi...
***
PHILO : Si la vie na pas de sens, la mort, elle, en a un: la mort elle-même.
***
La fin du spectacle serait la mort successive de tous les personnages:
*pour
PHILO, il serait aspiré dans la trappe et quelque temps plus tard recraché
sous forme dun tas de livres. Un des derniers textes pourrait être:
PHILO :La vie ... est un soupir ...La fin amène un immense sentiment
de bien-être. La mort nest donc que la fin dun soupir. Ce
court moment dattente interminable dans une éternité de
bien-être ...Voilà la vie et la mort.
* pour MAESTRO, il arriverait enfin à senfermer dans sa boîte
à violoncelle
* pour DORMEUR ...
* pour COCCINELLE, elle serait écrasée par lun des personnages.*
pour APPRENTI ...
*pour DIVA, je vois le texte suivant avec APPRENTI, qui je pense est déjà
mort sur sa chaise.
DIVA pousse un profond soupir et sadresse à APPRENTI.
DIVA :Pourquoi ne joues-tu pas?
Jaime quand tu joues ...
Je me sens moins seule.
Elle lui fait signe de se rapprocher.
Ecoute mon petit ...Si je te dis celà, cest parce que je taime
bienJe taime bien, tu sais ...
Tu sais ... Tu mécoutes... Hee! dit petit? !
Elle
lui donne un violent coup de coude sur lépaule. La tête
dAPPRENTI tombe vers DIVA. À nouveau douce et mélancolique
elle continue à lui parler.
Haa! Voilà, cest ça!
Je préfère quand tu me regardes.
Tu vois si tu nétais pas là...
Je crois que je me mettrais à pleurer
Tu vois petit on croit ne servir à rien... Et puis dans le fond, sans
le savoir, on est indispensable. Pourquoi ne réponds-tu pas. Tu ne
veux pas me parler?
Tu ne maimes pas?
Elle
pousse un profond soupir. Puis lui donne une petite gifle sur la joue.
Je tintimide. Cest ça.
Je taime bien tu sais
Tu sais?!
Elle
lui donne une seconde gifle sur la joue, nettement plus forte que la première.
Oh! Mais il est tard ... Je dois men aller.
Elle
lui donne encore une petite gifle sur la joue.
Je taime bien, tu sais ...
Elle pousse à nouveau un soupir.
Bien, je men vais ... Je men vais.
Elle
se lève en sappuyant sur lépaule dAPPRENTI.
Je men vais ... Il est lheure.
Je crois...
Je suis tellement fatiguée.
Non ce nest pas cela ...
Elle
se retourne et sourit au jeune homme.
Jespère un jour, jespère te revoir un jour.
Bientôt ... Bientôt ...
Elle
sort en sappuyant de temps à autre contre la paroi du couloir
et disparaît dans le labyrinthe.